Revues scientifiques

Recherches en éducation, (13) 2012

L’ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE ET LES NOUVELLES PRATIQUES PHILOSOPHIQUES

sous la direction de Michel Tozzi et Edwige Chirouter


Lire la revue

Lire le sommaire

Lire les résumés en français

Lire les résumés en anglais


Edito - Vingt ans de Nouvelles Pratiques Philosophiques en France - Michel Tozzi

Bruno POUCET - Une exception française : vers un nouveau paradigme de l’enseignement de la philosophie en Terminale ?

L’enseignement scolaire français de la philosophie s’est progressivement organisé en un paradigme pédagogique qui comprend un certain nombre de dispositifs et de pratiques. Héritage de l’ancien régime, comprenant le cours dicté et la rédaction du cours, un examen sous forme de questions orales, un professeur non spécialiste, ce paradigme a été remis en cause pour atteindre un nouvel équilibre au cours du début du XXe siècle : professeur spécifique, pratique pédagogique particulière, exercice original à base de dissertation, manuels, attente de la société civile, tout concourt à cet équilibre qui sera défait lorsque l’évolution de la société et la massification de l’enseignement provoqueront des interrogations fortes sur l’existence du paradigme. C’est à la recherche d’un nouvel équilibre que professeurs et institutions tentent non sans mal d’apporter des réponses.

Jean-Marc LAMARRE - « L’enfant philosophe ? »

Les discussions entre élèves, à l’école primaire, peuvent-elles être considérées comme philosophiques ? L’enfant peut-il accéder à la philosophie ? Selon l’auteur, les discussions dites « à visée philosophique » préparent à la philosophie, mais ne sont pas à proprement parler philosophiques ; elles contribuent, en liaison avec les débats interprétatifs et les débats de vie de classe, à la formation de la personne et du citoyen par l’exercice de la pensée réfléchie. Les enfants pensent, mais on ne peut pas appeler « philosophie » tout éveil à la pensée réfléchie. L’auteur lève la confusion, souvent faite, entre pensée et philosophie en montrant qu’il y a de la pensée (au sens fort de pensée capable de vérité) dans les sciences, les arts, la littérature, la politique. La philosophie se caractérisant par une visée de totalisation, de systématicité et de radicalité, l’enfant n’a ni les concepts ni la culture ni l’expérience humaine lui permettant d’entrer dans la philosophie. C’est avec l’adolescence qu’un seuil est franchi qui rend possible l’apprentissage de la philosophie. Quel travail de la pensée est à l’œuvre dans les discussions à l’école primaire ? L’auteur considère que ces discussions sont des dispositifs d’apprentissage de la réflexion selon les trois maximes kantiennes du sens commun : penser par soi-même (dépasser les opinions immédiates), penser en se mettant à la place d’autrui (élargir son point de vue), penser en accord avec soi-même (raisonner de façon conséquente). Ces discussions doivent se situer dans le cadre constructif de l’éducation morale et civique.

Edwige CHIROUTER - Philosopher avec les enfants dès l’école élémentaire grâce à la littérature : analyse d’un corpus de trois années d’ateliers de philosophie en cycle 3

Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, très tôt, face à l’étonnement devant le monde, les enfants s’interrogent sur la vie, la mort et les relations humaines. L’enfant serait par excellence celui qui, selon l’expression de G. Deleuze, fait « l’idiot » et pose la question du pourquoi et de l’essence des choses en toute naïveté et intensité. La pratique de « la philosophie avec les enfants » se développe ainsi en Europe depuis une vingtaine d’années. Cette pratique répond au besoin de démocratisation d’une discipline jugée trop souvent comme hermétique et élitiste. Dans le même temps, la littérature de jeunesse semble avoir pris en compte ces interrogations métaphysiques. Les programmes de littérature à l‘école primaire insistent d’ailleurs sur cette dimension des œuvres et incitent à des débats réflexifs. C’est dans cette brèche que tous ceux qui souhaitent une initiation précoce à la philosophie ont pu s’engouffrer pour mettre en place des séances dans les classes. Le monde de l‘enfance pourrait ainsi être aujourd’hui le pont qui permettrait de réconcilier deux disciplines dont l’histoire s’est trop longtemps écrite sous les signes de la concurrence et de la méfiance réciproques. Elles pourraient ainsi retrouver leur alliance originelle : au-delà des formes spécifiques qu’elles entretiennent avec le langage, elles sont toutes les deux des discours qui visent à donner sens et intelligibilité à notre existence. Disciplines trop longtemps conflictuelles, la littérature et la philosophie ne trouveraient-elles pas ainsi une nouvelle complémentarité grâce au développement conjoint de leur didactique avec les enfants ?

Yvan MALABRY & Edwige CHIROUTER - « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Mathématiques, sciences et philosophie à l’école élémentaire : instaurer un nouveau rapport au savoir grâce à des discussions à visée philosophique sur des questions d’épistémologie

Les différentes recherches récentes concernant les « discussions à visée philosophique » ont démontré qu’il était possible de commencer à apprendre à philosopher dès l’école élémentaire. Par la mise en place régulière de séances, de jeunes élèves apprennent à problématiser, conceptualiser et à argumenter sur de grandes questions universelles touchant à la condition humaine. C’est la didactique de la philosophie qui s’est ainsi développée ces dernières années. Le présent article sort du cadre précis de la didactique du philosopher pour s’intéresser aux conséquences, aux effets, que ces ateliers peuvent avoir sur les autres disciplines scolaires, et en particulier sur les Sciences et les Mathématiques. La mise en place de discussions à visée philosophique sur des questions d’épistémologie peut-elle permettre de faire évoluer les représentations des élèves concernant ces disciplines ? Ont-elles des conséquences positives sur certains types de difficultés et de blocages ? Pourquoi et à quelles conditions les « DVP » permettent-elles d’instaurer un nouveau rapport au savoir, de donner plus de sens aux activités demandées et facilitent-elles ainsi la réussite des élèves ?

Jean-Charles PETTIER - La généralisation des activités à visée philosophique dans l’école, avec les élèves en difficulté : enjeux et projet

Quels sont les enjeux d’une généralisation scolaire des pratiques à visée philosophique ? Il s’agit dans le présent article de se dégager de la séduction qu’elles exercent pour en examiner philosophiquement fondements et projet politique conséquent. On fournit aux enseignants, par cet examen, des clés pour orienter leur travail de classe. Éthiquement, on identifie mieux dans quelle mesure cette généralisation participe à la construction par le Droit d’une essence humaine. Une éthique du Droit de l’Homme, prenant en compte certaines critiques philosophiques contemporaines (Sartre, Foucaud, Heidegger) qui contestent l’idée d’une essence humaine, fait de la scolarisation de ces pratiques le moyen intellectuel de participer à cette hominité critique qui doit élaborer le droit. L’enfant, futur porteur du projet humain, doit apprendre à se saisir de cette réflexion, politiquement nécessaire dans une démocratie de Droit. Cette réflexion s’appuie sur le développement de sa capacité individuelle de mobiliser une pensée en tension, complexe, abstraite et conceptuelle. On élargit, grâce à l’École, le champ de ses interrogations spontanées, vers une véritable « citoyenneté philosophique ». La généralisation de ces pratiques est porteuse de la réussite d’élèves parfois en difficulté scolaire, examinant philosophiquement les disciplines scolaires, en identifiant mieux la nature et les modalités spécifiques, pour finalement mieux les situer et les intégrer. Par le débat, on véhicule un modèle politique et social qui voudrait, à terme, s’exonérer de la violence communautariste, au profit de l’échange entre les cultures. Ces enjeux font souhaiter le développement d’un projet politique international de généralisation, pour identifier les questions que les acteurs politiques doivent se poser, les moyens d’y répondre.

Sylvain CONNAC - L’éducation populaire et coopérative à l’épreuve du philosopher

L’étude présentée consiste à interroger, dans un contexte d’éducation prioritaire d’école élémentaire, l’influence réciproque entre les discussions à visée philosophique et la structure des classes coopératives. Des classes expérimentant la philosophie au sein d’un vaste programme, ont organisé chaque semaine des échanges discursifs de forme démocratique autour de questions soulevées par les enfants et traitées par l’intermédiaire de contraintes philosophiques particulières. L’étude a permis le suivi de certains élèves pour recueillir leur avis. Une analyse qualitative des scripts de discussions a permis de caractériser l’évolution des interventions des élèves du point de vue des progrès à conceptualiser. L’étude, appuyée aussi sur des entretiens avec des spécialistes et les enseignants, permet de lever quelques craintes quant à une éventuelle caducité de l’introduction des DVP en contexte de pédagogie coopérative. Les savoir-faire acquis par les enseignants en classe coopérative contribuent à mieux gérer les dispositifs des DVP, même si a priori il faut plus d’une année pour que tous les élèves en tirent profit. Le cadre de l’étude, menée en Zones d’Education Prioritaire (ZEP) restreint cependant les résultats à ce contexte d’enseignement spécifique.

Pierre USCLAT - Une discussion des fondements philosophiques habermassiens de la discussion à visée philosophique à l’école et du rôle du maître en son cours

L’intention que nous désirons poursuivre dans cet article est de prendre l’objet de notre recherche, à savoir l’émergence de la discussion à visée philosophique (DVP) à l’école primaire, comme étant lui-même un objet de discussion. En effet, alors que notre thèse a cherché un ancrage de cette pratique émergente dans les apports de la philosophie de J. Habermas et a tenté, à partir de là, de poser un possible rôle du maître comme participant à part entière lors de la DVP, il nous paraît important d’éprouver la recevabilité de nos analyses par les exigences de la discussion telle qu’envisagée par Habermas. Ainsi, après avoir rappelé les liens que nous avons établis entre la pensée de ce philosophe allemand et la DVP, nous tenterons de prendre à notre charge les critiques qui nous sont adressés par les principaux chercheurs impliqués sur cette question de l’émergence de la DVP. A cet effet, nous essaierons notamment de répondre à la critique voulant que Habermas peut éclairer la forme de la discussion mais non sa philosophicité. Tout comme nous nous confronterons aux interpellations pointant que nous entretenons une proximité loin d’aller de soi entre philosophie et démocratie, que nous transposons peut-être de manière indue les concepts habermassiens dans un domaine qui leur est totalement étranger ou, encore, qu’avec notre rôle du maître comme participant au même titre que les élèves lors de la DVP nous n’apportons rien de nouveau.

Marianne REMACLE & Anne FRANÇOIS - Philosopher avec des enfants en psychiatrie

Depuis 2002, un atelier de pratique philosophique a été instauré dans une unité de psychiatrie infanto-juvénile (Belgique). Il fait partie intégrante du projet thérapeutique de l’unité. Le mode opératoire de l’atelier hebdomadaire, qui vise à développer les aptitudes propres au philosopher (conceptualiser, problématiser et argumenter) est encadré par un protocole qui garantit l’expression de chaque enfant et permet la poursuite du travail par une activité dans le secteur des arts plastiques. L’utilisation de textes métaphoriques sert de support au processus de symbolisation et permet aux enfants de panser leurs pensées. Le travail d’évaluation qui est mis en place autour de l’atelier cherche à comprendre comment l’activité du « philosopher » est de nature à soutenir le travail des cliniciens et à aider les enfants à reconstruire du sens dans un parcours de vie parfois très déstructuré.

Jacques LE MONTAGNER - L’appropriation de la posture d’accompagnement comme fondement de la formation des enseignants de philosophie

Traditionnellement, l’Institution centre la formation des enseignants de philosophie sur l’approfondissement des contenus à transmettre aux élèves dans une logique quasi exclusive d’enseignement. Sans nier l’apport précieux et indispensable de ce volet de la formation, nous faisons l’hypothèse que le développement d’une didactique professionnelle centrée sur l’appropriation d’une posture d’accompagnement de l’apprentissage du philosopher des élèves de terminales peut être, pour le développement de compétences réelles comme pour leur réussite, une option prometteuse. Comment définir et comprendre l’accompagnement du philosopher ? Quels dispositifs de formation sont susceptibles de favoriser la construction progressive de cette posture ? Dans quelle mesure la formation initiale et continue actuelle des professeurs de philosophie aide-t-elle ou empêche-t-elle cette appropriation ? Sur quels référents théoriques, quels outils, quels dispositifs peut-on s’appuyer pour optimiser cette transformation ?

Romain JALABERT - Apprendre à philosopher au café : bilans et perspectives

Fort de près de vingt années d’existence et d’un essaimage géographique extrêmement vaste et diversifié, le phénomène dit « des cafés philo » a largement démenti les soupçons d’« effet de mode » et de « snobisme parisien » qui lui furent longtemps assignés. Par-delà les critiques qui ne cessent d’émettre des doutes quant à la validité philosophique des échanges, le mouvement poursuit son chemin et évolue, sans jamais trop s’éloigner du célèbre vœu de Diderot : « hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! ». Chef de file inopiné d’une kyrielle de pratiques plus ou moins dérivées (ciné philo, rando philo, banquet philo, atelier philo dans le cadre d’Universités Populaires, etc.), le café philo reste sans doute la plus populaire et la plus médiatique desdites « Nouvelles Pratiques Philosophiques ». Mais probablement aussi la plus invectivée… A partir d’ouvrages, d’articles de revues, de rapports officiels et d’archives radiophoniques couvrant la période1992-2010 , mais aussi à partir d’une enquête par questionnaire électronique menée durant les mois de mai et juin 2010, nous nous proposons de faire le point sur l’arrivée et l’évolution de ce mouvement dans la cité, et de tenter d’esquisser par ailleurs quelques perspectives pour la plus ancienne – avec la consultation – des Nouvelles Pratiques Philosophiques.

Varia

Laetitia GERARD - Les effets de la dimension relationnelle dans la relation pédagogique de direction de mémoire en Master

La direction de mémoire constitue l’une des caractéristiques de la structure formative du deuxième cycle universitaire (Master) qui font différer celle-ci de la structure formative du premier cycle (Licence). Elle représente pour les étudiants une nouvelle relation pédagogique duale qui se distingue de la relation pédagogique groupale qu’ils ont pu expérimenter jusqu’en Licence. Le travail présenté ici s’intéresse plus particulièrement à la relation interpersonnelle au sein du binôme directeur de mémoire- étudiant qui investit la relation initialement professionnelle de direction de mémoire. Pour cette recherche, des entretiens semi-directifs ont été menés afin de recueillir des données sur la perception que se font les acteurs (masterants et directeurs de mémoire) de la relation pédagogique de direction de mémoire. Les résultats de cette recherche montrent que la relation interpersonnelle peut avoir des effets positifs, mais aussi négatifs sur la formation à la recherche par la recherche du masterant « apprenti-chercheur ». Les données mettent en exergue les moyens de régulation utilisés par les directeurs de mémoire pour maintenir une distance relationnelle qu’ils jugent favorable à la formation scientifique de l’étudiant.

Gwénaël LEFEUVRE - Une représentation des élèves en difficulté (et de leur prise en charge) dépendante des dispositifs construits par le collectif d’enseignants

Jusqu’à présent, peu de recherches se sont centrées sur l’étude de la relation entre le travail collectif des enseignants au sein de l’école et leurs pratiques d’enseignement en situation de classe. Nous proposons, dans le cadre de ce texte, d’étudier cette relation à partir de l’approche sociocognitive de l’apprentissage professionnel, plus précisément au travers de la mobilisation du concept d’instrument psychologique développé par Vygotski puis plus récemment par Rabardel. A partir d’une recherche exploratoire, nous montrerons comment la participation des enseignants de cours préparatoire (CP) à un dispositif pédagogique interclasses, élaboré par le collectif de l’école, peut être dépendante des représentations relatives à l’identification et à la prise en charge des élèves en difficulté au sein de leur classe. Le dispositif pédagogique interclasses dépasse alors le statut de simple outil de travail pour devenir un instrument psychologique qui a des fonctions de médiation épistémique et pragmatique dans le cadre des pratiques de prise en charge des élèves en difficulté.

Martine JANNER RAIMONDI - Recherche collatérale : rôles et enjeux des traces écrites dans l’accompagnement d’équipes d’écoles primaires

Accompagner une équipe d’enseignants du premier degré, dans le cadre d’une recherche alors même, que les accompagnants ont exercé les métiers de conseiller pédagogique et de formateur d’enseignants dans le même département oblige à redoubler de vigilance afin d’éviter l’amalgame des postures et le brouillage des visées. Si le choix d’une recherche collaborative fut aidant pour identifier le but d’autonomisation des acteurs et une posture éthique de recherche ; il restait à trouver comment concrétiser cette double visée. Le dispositif de médiation mis en œuvre s’appuyait sur la rédaction et l’envoi systématique de traces écrites aux accompagnés ; non seulement, pour mettre à distance notre implication et œuvrer ainsi davantage dans le réfléchissement que dans le conseil ; mais aussi, pour permettre aux membres des équipes de continuer de s’inscrire dans la trajectoire identitaire professionnelle de leur communauté de pratique. Ce texte vise moins à faire le point sur l’objet de la recherche internationale ECOS dans laquelle il s’inscrit, que les conditions qui nous sont apparues nécessaires à mettre en place pour pouvoir réaliser l’accompagnement lui-même, au regard du contexte de celle-ci. C’est pourquoi, loin de chercher à identifier les perceptions de changement dans les écoles au niveau des enseignants membres de l’équipe pédagogique, nous tâcherons de regarder de près le dispositif de médiation mis en œuvre dans le cadre de l’accompagnement de trois écoles : comment identifier les caractéristiques des traces écrites d’accompagnement fournies ? Quel(s) rôle(s) ont-elles pu jouer tant du côté des accompagnants que des accompagnés ?


ENGLISH VERSION


Bruno POUCET - A French exception : towards new one paradigm of the teaching of the philosophy in Final year of high school ?”

The French teaching of philosophy has been organized with a special pattern. This pattern is coming before the great revolution. He has been upset along the XIXe siècle and a new one with typical exercises and practices (for example dissertation), a special teacher, is coming on about 1920. This new way of teaching philosophy at school will be leave by a new generation of teachers and because of the transformation of the society. Presently, the French teaching of philosophy is looking for a new pattern.

Jean-Marc LAMARRE - The philosopher child

Can the discussions between pupils be regarded as philosophical discussions, at primary school ? Can child attain philosophy ? According to the author, the discussions “with philosophical aim”, as they are called, prepare children for philosophy but, strictly speaking, they are not philosophical ; connected with interpretative debates and classmates life debates, they contribute to the development of the person and of the citizen by virtue of exercising the deliberate thinking. Children think but any awakening of the deliberate thinking can not be called “philosophy”. The author removes the frequent confusion between thought and philosophy in showing that there is some thought (in the strong sense of the word : a thought capable of truth) in sciences, arts, literature, politics. As philosophy is characterized by an aim for totalizing, systemizing and radicalizing, the child has got neither the concepts nor the culture nor the human experience which would make it possible for him to enter philosophy. It is in the adolescence that a threshold which makes the philosophy learning possible is crossed. Which thought process is at work in the discussions at primary school ? The author considers that these discussions are a kind of devices of thought learning, according to the three Kantian maxims of the common sense : to think by oneself (go beyond the immediate opinions), to think in putting oneself in another one’s place (widen one’s opinion), to think in agreement with oneself (think in a consistent way). These discussions must be situated in the constructive scope of the moral and civic education.

Edwige CHIROUTER - Philosophizing with children thanks to literature. Read to grow and think. Analysis of three years of practice with the same pupils in a primary school in France

Raising philosophical issues is not an adult’s prerogative. At a very young age, children wondering at the world around them start asking questions about life, death and human relations. To use G. Deleuze’s word, a child is the "idiot" par excellence, the one who asks about the reason for, and essence of, all things with the utmost naiveté and intensity. Over the past twenty years in Europe the practise of philosophical thinking with children has been developed in schools. Such a practise corresponds to the necessary democratization of a discipline which is often deemed cryptic and elitist. Simultaneously, it seems that children’s books are also taking into account the import of metaphysical interrogations. The national literary syllabus for elementary schools insists on that particular dimension of the literary works it proposes and invites teachers to organize philosophical debates. Following the encouragement provided by such recommendations, the teachers who support the initiation of children into philosophy at an early age have begun organizing philosophical sessions in their classes. Today, the world of the child could thus be the link allowing to bridge the gap between disciplines whose history has been marked by the signs of reciprocal competition and mistrust for too long. This way, they could recover their former alliance : beyond the specific forms they keep up with language, both are “discourses” aiming at giving a full meaning as well as intelligibility to our lives. Conflicting disciplines for a too long time, couldn’t literature and philosophy find a new complementarity thanks to the joint development of their didactics with children ?

Yvan MALABRY & Edwige CHIROUTER - “ Nobody comes in here if he is not a land surveyor". Ou “Nobody comes in here unless he is a land surveyor". Mathematics and philosophy : why and how make primary school pupils think about logical and epistemological questions

The various recent concerning searches the « discussions with philosophic aim » demonstrated that it was possible to begin to learn to philosophize from the primary school. By the regular implementation of sessions, young pupils learn to problématiser, to conceptualize and to argue of big universal questions touching the human condition. It is the didactics of the philosophy that so developed these last years. The present article goes out of the precise frame of the didactics of to philosophize to be interested in the consequences, in the effects, which these studios can have on the other school disciplines, and in particular on the Sciences and the Mathematics. Can the implementation of discussions with philosophic aim about questions of epistemology allow to develop the representations of the pupils concerning these disciplines ? Have they positive consequences on certain types of difficulties and blockings ? Why and on what conditions the "DVP" do they allow to establish a new reportin the knowledge, to give more sense to the wanted activities and so facilitate the success of the pupils ?

Jean-Charles PETTIER - Generalization in schools of the "Practices with philosophical aim". Issues and project

What are the issues of a generalization in schools of the “Practices with philosophical aim” (PPA) ? In this paper we wriggle out from the a priori charm of the PPA to examine in a philosophical manner the foundations and political project that could result from them. Doing so, we intend to give to teachers keys to guide their teaching. At the ethical level, we identify better to what extend the generalization of the PPA participate to the construction of human essence by means of the Right. An ethics of the Human Right, taking into consideration some contemporary philosophical criticisms (Sartre, Foucault, Heidegger), which contest the idea of any human essence, make by the generalization of PPA in schools, the intellectual tool to participate to this critical humanity whose responsibility is to elaborate the Right. The child, carrier-to-be of the human project, must learn how to reflect, for it is politically fundamental in a democracy of Rights. Her/his reflection is based on the development of her/his individual capacity to mobilize alert, complex, abstract and conceptual thinking. We widen, thanks to education, the field of her/his spontaneous questioning towards an authentic “philosophical citizenship”. Generalization of the PPA is bearing pupils’ success - some of them sometimes having school difficulties- by examining in a philosophical manner the school disciplines, by identifying better their nature and specific modalities, to finally situate and integrate them better. By means of the philosophical debate, we convey a political and social model which aims at, eventually, exempt from “communautarist” violence to the benefice of dialogue between cultures.

Sylvain CONNAC - The popular and cooperative education to the test of philosophizing

The presented study consists in questioning, in a priority educational context of elementary school, the mutual influence between the discussions with philosophic aim and the structure of the cooperative classes. Classes experimenting the philosophy within a vast program, organized every week of the discursive exchanges of democratic shape around questions lifted by the children and treated through particular philosophic constraints. The study allowed the follow-up of certain pupils to collect their opinion. A qualitative analysis of the scripts of discussions allowed to characterize the evolution of the interventions of the pupils from the point of view of the progress to be conceptualized. The study, pressed also on conversations with specialists and teachers, allows to raise some fears as for a possible decline of the introduction of the DVP in a cooperative pedagogy context. The know-how acquired by the teachers in cooperative class contributes to better manage the devices of the DVP, even if a priori more than a year is necessary for all the pupils to benefit from it. The frame of the study, led in ZEP, restricts however the results to this context of specific teaching.

Pierre USCLAT - A discussion of the philosophic habermassiense foundations the Discussion with philosophic aim ( DVP) at school and of the role of the primary teacher in his class

In this article, our objective is to reflect and answer the critics concerning our study dealing with the " Emergence of Discussion with a Philosophical goal in primary schools".( EDP) Our thesis is based on the work of J. Habermas, explaining the role of the school teacher during EDP, that is to say a full and active participant.Therefore, in this article, after recalling the links between what the German philosopher thinks and EDP, we will study the criticisms we have received. In order to do so, we will try to answer the critics when they say that Habermas could make the form of dicussion clearer, but not its philosophical aspect. We shall also reply to the critics who say that we keep a close relation between philosophy and democracy, which does not necessarly exist, and those saying that we inappropriately transfer Habermas’s concepts to a field they don’t belong to. Or that the role of the teacher as a participant on the same level as the pupil is not a new idea at all.

Marianne REMACLE & Anne FRANÇOIS - Philosophizing with children in psychiatric unit

Since 2002, a workshop of philosophy was established in a child and adolescent psychiatry unit, taking part of the unit treatment program. The procedure of this weekly workshop, which aims to develop specific skills to philosophize (conceptualising, problem seeking and arguing) is governed by a protocol that guarantees the expression of each child and allows the continuation of work by an activity in the visual arts. The use of metaphorical texts supports the process of symbolization and thereby allows children to "dress" their thoughts. Evaluation work, that is set up around the workshop, seeks to understand how this activity is likely to support the work of clinicians and to help children build sense in a way of living that can be very unstructured.

Jacques LE MONTAGNER - How to acquire a coaching position as the bases of the training of philosophy teachers ?

Traditionally, the Institution focuses the teaching training in philosophy on she contents to transmit to the students in a logical way of teaching. Without under estimating the indispensable and important contribution of this training session, we assume that developing a professional didactic centered around the coaching how to philosophy for the students in their last year at high school, can be, for the acquisition of real skills as for their success, a relevant choice. What training devices are likely to favor the gradual construction of this ability of coaching ? In what way can the current training of teachers help or hinder this acquisition ? What devices, what methods can we use to optimize the transformation of the former methods of teaching of philosophy teachers ?

Romain JALABERT - Learn to philosophize in a "café" : assessments and perspectives

With the strength of about twenty years of existence and an extremely vast and diversified geographical presence, the phenomenon said of the"café philosophiques (coffees of philosophy) " has proved to be capable of denying the suspicions about "the effect of fashion" and of " Parisian snobbery " which were brought against it for a long time. Beyond the criticisms which do not die and the doubts as to its philosophic validity , the movement goes on living, evolves, without ever going away too much from the famous wish of Diderot : " let us hurry to make philosophy popular ! ". The "café philosophique" is the unexpected leader of a variety of new practices (philosophy with movies , hikes of philosophy, banquets of philosophy, workshop of philosophy, within different settings as the Popular Universities, etc). Without any doubt, the "café philosophique" remains the most popular and the most well known of the " New Philosophic Practices ". But probably also the most attacked… We are studying how the "café philosophique" begun and the evolution of this movement in the city, and we are trying to conceive some perspectives for this practice, the most ancient among the New Philosophical Practices. This research is made with the consultation of works, articles of magazines, official reports and radio archives covering the period from 1992 to 2010. It is also based on a survey made on the basis of an electronic questionnaire, during the months of May and June 2010.

Varia

Laetitia GERARD - Relationship dimensions in the Master’s level supervisory relationship

Master’s level dissertation supervision is one of the characteristics differentiating graduate-level (Master’s) learning structures from learning structures at the undergraduate level (Bachelor’s) It represents a new two-way relationship for students which differs from the group learning relationship they had experimented with up until the end of their undergraduate studies. This study is primarily interested in the interpersonal relationship within the supervisor-student pair, which supports the development of the initial professional supervisory relationship.Semi-directive interviews were conducted to collect data on the actors’ (master’s students and their supervisors) perceptions of the supervisory relationship. The results show that the interpersonal relationship can have positive but also negative effects on the hands-on research training of master’s level research apprentices. The data highlight strategies used by supervisors to maintain a relational distance that is beneficial to their students’ scientific training.

Gwénaël LEFEUVRE - A representation of the pupils in difficulty (and their assumption of responsibility) dependent on the devices builds by the collective of teachers

Until now, few research were centered on the relation between the collective work of the teachers within the school and their practices of teaching in situation of class. We propose, within the framework of this text, more recently to study this relation through the mobilization of the concept of instrument psychological developed by Vygotski then by the didactic professional one. Starting from an exploratory research, we will show how the participation of the teachers of preparatory course (CP) in a teaching device collate, elaborate by the collective of the school, can be dependent on the representations relating to the identification and the assumption of responsibility of the pupils in difficulty within their class. The teaching device collate then exceeds the statute of simple working tool to become a psychological instrument which has function of an epistemic and pragmatic mediation within the framework of the practices of assumption of responsibility of the pupils in difficulty.

Martine JANNER RAIMONDI - Collateral research : sense and stakes of written traces in accompaniment of teachers in primary schools

Accompany research with teachers while the accompanists have exercised functions of adviser and training officer demands a big alertness to avoid amalgam positions and disturbance of research pruposes. If the choice of a collaborative research needs helping us to identify the purpose of actor’s empowerment and an ethical research position, it remained to find how make concrete this double aim. The written traces realize by both members of the research binomial and sent systematically to the actors before every debate, appeared necessary, not only to put our involvement with hindsight and favour cogitation but also self-defining trajectory of their community of practice. This communication, wich is founded on an international research ECOS of three years, aims to identify the characteristics of written traces leaves to surround in what they could play a role and that on the side of accompanists as on the side of accompanying. This cogitation leans against the experience of the accompaniment with three schools during two years. This article analyse stakes and impacts of writings provided during the first two meetings. It will be illustrated by extracts with one of these schools.

Document(s) lié(s) à cet article RésumésAnglais-REE-n°13
[147.7 ko
0 X 0 pixels]
Résumés-REE-n°13
[160.6 ko
0 X 0 pixels]
Sommaire-REE-n°13
[116.8 ko
0 X 0 pixels]
REE-n°13
[1.5 Mo
0 X 0 pixels]

http://www.recherches-en-education.net/spip.php?article138