par Marie Musset
chargée d'études et de recherche au service de Veille scientifique et technologique
Depuis les années 70, les programmes français ont connu trois étapes dans l'éducation environnementale : l'éducation à l'environnement (ERE), pionnière et toujours fondatrice, l'éducation à l'environnement pour un développement durable (EEDD) en 2004, puis en 2007 l'éducation au développement durable (EDD). Les textes enjoignent « d'inscrire plus largement l'éducation au développement durable dans les programmes ; de multiplier les démarches globales d'éducation au développement durable dans les établissements ; de former les professeurs et tous les personnels engagés dans cette éducation ». La polysémie du vocabulaire relatif à l'éducation environnementale manifeste la variété des valeurs en jeu. Renoncer à l'idée d'une définition unique permet d'enseigner les trois postures les plus courantes la « croissance verte », la « société renouvelable » et la « sobriété ». Les établissements privilégient des cadres d'actions : l'agenda 21 scolaire, qui met en oeuvre le développement durable à l'échelle d'un territoire, le programme Éco-École et le projet global d'« établissement en démarche de développement durable » (E3D). L'enseignement agricole français, pionnier du développement durable, est particulièrement engagé. La réussite de l'EDD passe par la convergence entre l'éducation formelle et l'éducation non formelle. Pour assurer la généralisation de l'EDD, la formation des enseignants est primordiale. La formation doit tenir compte de la complexité de l'EDD : la variété des approches et des valeurs en jeu exige une formation appropriée (histoire des sciences, philosophie...). La recomposition disciplinaire doit aussi être envisagée pour accompagner le changement d'identité professionnelle demandé aux enseignants. Il faut apprendre à enseigner la pensée complexe et former aux enjeux des questions socialement vives. Il faut aussi poursuivre la réforme de l'enseignement des sciences, car l'enseignement scientifique et technologique constitue une entrée pertinente pour l'EDD et le courant éducatif Sciences-Technologie-Société (STS) est très proche des préoccupations de l'EDD. L'EDD gagnerait enfin à s'ouvrir à toutes les disciplines, à renouveler les pratiques existantes et à inventer de nouvelles co-disciplinarités.
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