Les injonctions à l’utilité des formations et à l’interdisciplinarité des recherches questionnent fortement depuis les années 2000 l’organisation des universités tout autant que les modes de production et de légitimation des savoirs et que la fabrique des curriculums : la recherche n’aurait de sens qu’appliquée et l’enseignement devrait être professionnalisant. Dans ce contexte, faut-il remettre en question le système des disciplines, fondé sur un modèle d’université plus détaché des impératifs sociétaux ?
Après une première partie qui rend compte de ce qui définit intrinsèquement et extrinsèquement une discipline universitaire et explore ce qui l’affaiblit et la déstabilise aujourd’hui, cette revue de littérature, basée sur des recherches récentes, essentiellement françaises, propose une analyse à la fois historique et sociologique des logiques disciplinaires.
La deuxième partie examine ainsi les disciplines à la fois comme mode de différenciation et de spécialisation des savoirs et comme structure organisant l’espace institutionnel, en cherchant à mettre en évidence la manière dont elles s’adaptent et se reconfigurent sous l’influence de sollicitations externes.
La troisième partie aborde l’interdisciplinarité en recherche, à la fois d’un point de vue théorique et au travers des pratiques scientifiques observables, et s’interroge sur l’avénement d’un nouveau paradigme aux frontières disciplinaires plus plastiques, avec l’essor massif des studies dans les pays anglo-saxons.