L'école et son contrôle
n° 48, septembre 2008
Italie : les réformes éducatives au gré des alternances politiques (1999-2008)
Teresa Longo, Roger-François Gauthier
Histoire de l’enseignement du français du XVIIe au XXe siècle, André Chervel, éd. Retz, 2006
Roger-François Gauthier
L'école et son contrôle
Coordonné par
Alain Bouvier, Ancien recteur, membre du Haut Conseil de l’éducation, France.
et Philippe Duval, Inspecteur général honoraire.
Introduction [pdf - 263 Ko]
L’École entre évaluation et contrôle
Alain Bouvier et Philippe Duval
L’évolution du rôle de l’évaluation dans la politique éducative chilienne
M. Leonor Cariola H.: Sociologue, unité d’évaluation du ministère de l’éducation, coordinatrice technique des études internationales, Chili. Lorena Meckes G. : Psychologue, coordinatrice nationale du programme SIMCE 2003-2006, Chili.
L’article retrace l’histoire de l’utilisation de l’évaluation des apprentissages au Chili, pour montrer comment le pays est passé d’un système d’autonomie des établissements, dans le cadre d’une régulation de marché, à un système plus centralisé dans lequel l’État intervient davantage, au nom des standards et de la qualité de l’éducation. Parallèlement, l’instrument de mesure lui-même, le SIMCE, a évolué en fonction des usages qui en étaient faits : tant qu’il s’agissait d’aider les établissements à identifier leurs faiblesses, les tests portaient sur une définition large de l’éducation. Avec l’introduction de mesures financières liées aux résultats, les tests se resserrent sur les acquis et le « curriculum » aux dépens de la dimension personnelle.
L’irruption de l’évaluation en Chine
Wang Xiaohui : Professeur, Institut de recherche en éducation comparée et internationale, Université normale de Beijing, Chine.
Dans un contexte de développement rapide de son économie, la Chine s’est donné en 2000 pour objectif d’affecter 4% du PIB à l’éducation. L’enseignement obligatoire de neuf ans a été placé sous la responsabilité des gouvernements locaux qui ont dû prendre en charge le financement. Les difficultés ont été nombreuses : enseignement devenu en partie payant provoquant la déscolarisation des enfants des zones rurales ; commercialisation de l’enseignement assuré par certains établissements publics assurant aux nouveaux riches de meilleures conditions d’éducation, etc. Pour garantir l’équité, le gouvernement a pris des mesures : gratuité effective de l’enseignement obligatoire et sanction des abus. Des institutions spécialisées en évaluation ont été créées, avec des domaines d’intervention très larges. La Chine souhaite ainsi établir des critères d’évaluation de la qualité pour l’enseignement de base et un système de suivi. De la croissance quantitative à la performance qualitative, l’éducation chinoise est en train de transformer son modèle d’administration.
La construction d’un système d’évaluation
Le cas du Pays basque
Josu Sierra : Directeur du ISEI-IVEI, Institut basque pour l’évaluation et la recherche en éducation, Espagne.
La notion d’évaluation n’a pas une longue tradition au Pays basque. En 2001, un institut pour l’évaluation et la recherche éducative (ISEI-IVEI) a été créé. Il a préconisé la participation à plusieurs types d’évaluations : internationales, nationales et/ou locales focalisées sur le premier et le second degré obligatoire, ainsi que sur le niveau de langue dans le contexte d’un système bilingue. Depuis, le Pays basque s’est doté d’un programme ambitieux en matière d’évaluation : à compter de 2009, seront évaluées tous les ans les compétences fondamentales des élèves de cours moyen de l’école primaire et de 5e de collège. Cette évaluation, qui ne sera pas circonscrite au seul domaine des programmes scolaires, supposera un saut qualitatif important. Outre l’ISEI-IVEI, l’inspection et différents services de soutien pédagogique seront impliqués, afin d’aider chaque école à élaborer et à mettre en œuvre son projet d’établissement en vue d’améliorer les résultats.
Entre le contrôle d’hier et l’évaluation de demain
La supervision pédagogique en Pologne
Jolanta Zajac :Professeur, Institut d’études romanes, Université de Varsovie, Pologne.
Le système éducatif polonais subit depuis 1989 de profonds changements. Il recherche une véritable qualité de l’enseignement qui dotera les élèves des compétences clés et leur permettra de s’intégrer à l’économie de la connaissance, telle qu’elle est actuellement présente sur le marché du travail dans l’Union européenne. Devant ces difficultés, les autorités éducatives, conscientes des enjeux pour les jeunes générations, tentent de mettre en place un système de contrôle efficace du travail des écoles ; différentes instances, notamment régionales, interviennent pour contrôler l’école et l’évaluer. Cet article propose à la fois un état des lieux et des perspectives.
Vers le contrôle pluriel de l’école?
La nature changeante du pouvoir dans le système éducatif anglais
Philip A. Woods: Professeur, University of Gloucestershire, Royaume-Uni.
Patricia Broadfoot : Professeur, Vice Chancellor, University of Gloucestershire, Royaume-Uni.
L’article se propose d’analyser les grandes orientations de la politique éducative en Angleterre au cours des vingt dernières années, en déterminant jusqu’à quel point ces tendances promeuvent un contrôle central ou, au contraire, l’autonomie de la gestion des établissements. Il suggère que, dans le cadre des modèles de gouvernance multiple qu’il est possible de discerner au sein de ces tendances, un nouveau modèle distinct pourrait émerger : un contrôle pluriel de l’école caractérisé par une distribution des pouvoirs obéissant à certaines contraintes. Les limites systémiques de ce modèle – tant dans l’optique de l’innovation que dans la composition des nouveaux acteurs et partenaires éducatifs – sont brièvement soulignées.
La principale faiblesse de l’évaluation et du contrôle de l’école en France
Claude Thélot : Ancien directeur de l’évaluation et de la prospective au ministère de l’éducation nationale, ancien président de la Commission du débat national sur l’avenir de l’École, France.
Le fonctionnement souhaitable des systèmes éducatifs modernes repose sur un trépied : un cadre établi par les autorités supérieures à l’établissement et qui contient les objectifs, les priorités et certains outils comme les programmes ; l’autonomie de l’établissement et de ses acteurs ; l’évaluation du fonctionnement et des pratiques, qui doit être la règle et être suivie d’effets. Dans ce contexte, le contrôle permet d’éviter les « irrégularités » et il est suivi de sanctions quand des irrégularités sont avérées. La principale faiblesse des processus d’évaluation et de contrôle dans le système éducatif français réside dans la trop grande insuffisance de l’utilisation des conclusions dans la conduite de la politique éducative. Si les outils et procédures sont de bonne qualité, si les préalables (objectifs et prescriptions) existent, un usage beaucoup trop faible est fait de leurs résultats, qu’il s’agisse des l’évaluation des élèves, de celle des établissements ou encore de celle des enseignants. S’il est dans la nature des choses que les évaluations et les contrôles soient peu suivis d’effets, il faut que ce «peu » augmente, non pas pour limiter la liberté de choix du chef d’établissement ou du professeur, mais pour améliorer le service qu’ils rendent.
Autonomie et contrôle du travail enseignant
Une enquête dans les pays européens
Nathalie Mons : Maître de conférences à l’université de Grenoble II, chercheur-associé à l’OSC-Sciences Po, France.
S’appuyant sur une enquête menée par l’agence Eurydice en 2008 auprès de vingt-huit pays européens, l’article montre les évolutions en cours en matière d’évaluation des enseignants. Une évolution se dessine dans la plupart des pays, qui va vers un accroissement du «contrôle » des enseignants et de leur travail dans quatre domaines privilégiés : mise en place d’une multiplicité de type de « contrôles » (externes, autoévaluations, interne par le chef d’établissement, interne par les pairs ; ces dispositifs pouvant se superposer) ; un contrôle des processus qui laisse de plus en plus la place à une évaluation par les résultats des élèves ; une évaluation qui oscille entre l’évaluation collective des équipes pédagogiques et une évaluation individuelle des enseignants ; l’absence d’incitations ou récompenses.
Le rôle des inspections en Europe aujourd’hui
Ferry de Rijcke : Président de la Standing International Conference of Inspectorates (SICI) (Conférence des inspections nationales et régionales en Europe).
Comment organiser le travail des inspecteurs et sur quoi le fonder pour qu’ils exercent au mieux leur mission d’évaluation et de contrôle, tout en respectant et en favorisant l’autonomie des établissements ? L’auteur rappelle que l’accroissement des pressions exercées sur l’école (par la société, par les familles) va de pair avec l’augmentation des démarches d’audits des établissements et de prise d’information. En Europe, les missions des inspecteurs se caractérisent à la fois par une grande diversité et par l’existence de sujets communs issus de l’évolution des rôles dévolus aux établissements scolaires. L’auteur propose des préconisations sur les grands domaines d’intervention des inspectorats, ainsi qu’une réflexion prospective sur le devenir des missions des corps d’inspection.
Les standards de formation, l’anneau de Moebius de l’école suisse ?
Matthis Behrens : Directeur de l’Institut de recherche et de documentation pédagogique de Neuchâtel, Suisse. Président de la Société suisse de recherche en éducation, secrétaire de l’ADMEE-Europe (Association pour le développement des méthodologies d’évaluation en éducation en Europe) et membre du conseil de l’EERA (European Educational Research Association).
En Suisse, les administrations publiques sont soumises à de nouveaux modes de gestion. Elles renforcent le contrôle des performances, ce qui crée en éducation un brouillage fonctionnel avec les pratiques évaluatives. Ces changements sont accentués par des influences extérieures (adaptation au contexte européen et PISA) et ont conduit à une redistribution des responsabilités. Les cantons sont en train de renoncer à une partie de leur souveraineté en faveur d’un système intercantonal. Connu sous le nom HarmoS, cet accord intercantonal prévoit des standards qui ont une double fonction : l’harmonisation des contenus de formation et le contrôle des performances dans le cadre d’un monitorage national. L’article présente dans un premier temps le système suisse et les changements actuellement en cours. Une deuxième partie discute les standards de formation comme levier pour l’harmonisation des curricula et une troisième partie vise à permettre de réfléchir à l’articulation entre la fonction de contrôle et celle d’évaluation.
Références bibliographiques [pdf - 296 Ko]
Cécile de Bouttemont : Centre de ressources documentaires du CIEP
Le système éducatif cubain depuis la crise des années 1990
Philippe Bayart, Rémy Herrera, Éric Mulot
Le financement de l’éducation en France et au Japon
Pierre-Louis Gauthier