Revues scientifiques

Revue internationale d'éducation de Sèvres, (49) 2008

n° 49, décembre 2008

Actualité internationale

Dossier

Quel avenir pour les études en sciences humaines ?
Coordonné par :
Michel Lussault,
Professeur, Université de Lyon, École normale supérieure lettres et sciences humaines (laboratoire environnement, ville, société, UMR 5600)

Introduction [pdf - 248 Ko]
Les SHS à la croisée des chemins
Michel Lussault

De l’utopie à la réalité
La place des sciences humaines et sociales dans les universités européennes

Alain Renaut: Professeur de philosophie politique et d’éthique à l’Université de Paris-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, responsable du master de philosophie et sociologie, directeur de l’Observatoire européen des politiques universitaires (OEPU), France.
Une analyse des données qui expriment un début de reflux des formations de SHS en Europe conduit à interroger les espoirs qui ont été placés dans ces disciplines et les difficultés rencontrées pour inscrire ces espoirs dans le réel, notamment en termes d’insertion professionnelle et sociale des étudiants. Pour ce faire, on s’essaye à chercher les origines de la crise actuelle dans une utopie qui a consisté, dans les années 1960-1970, à faire du secteur des SHS la nouvelle faculté chargée de piloter l’institution universitaire.

Un débat mouvementé
Une vue d’ensemble de la situation des SHS au Danemark

Jesper Eckhardt Larsen : Professeur assistant, Institut for Pædagogik, Danmarks Pædagogiske Universitetsskole ved Århus, Danemark.
Cet article traite essentiellement de l’évolution de la recherche et de l’enseignement en sciences humaines dans le secondaire et le supérieur au Danemark, depuis 1945. Il analyse le champ des sciences humaines regroupées à l’université sous le terme humaniora. Au Danemark, on réduit les sciences humaines à de la culture générale et à un moyen d’éducation à la citoyenneté jusqu’au niveau de l’enseignement secondaire. Dans les débats sur les sciences humaines à l’université, ces enjeux sont plus ou moins négligés car seul leur intérêt par rapport au marché de l’emploi est pris en compte. Cette relation exclusive entre des cours universitaires en sciences humaines très spécialisés et l’accès à l’emploi a pour conséquence de générer une pression politique qui actuellement pousse à l’abandon de nombreux programmes, afin de réduire délibérément le nombre de candidats dans les cursus universitaires en sciences humaines.

Les transformations des sciences humaines et sociales en Russie
Liudmila Pipiya : Directrice adjointe, Institut d’études scientifiques, Académie russe des sciences (ISS RAS), Russie.
La Russie connaît depuis plus de quinze ans une mutation spectaculaire de son système économique, social et politique et une évolution pas moins importante de l’enseignement supérieur et de la recherche. On constate notamment une croissance forte des formations de sciences humaines et sociales ainsi qu’une floraison de départements scientifiques dans les universités et de structures indépendantes de recherche et d’expertise. Cette dynamique rompt avec la période soviétique où la recherche en SHS était réalisée largement en dehors de l’université et où l’enseignement supérieur était très contrôlé. La situation actuelle se caractérise toutefois par une inflation du nombre de formations, des effectifs étudiants et des travaux scientifiques, qui ne s’accompagne pas forcément d’un souci qualitatif, et ce d’autant que le besoin de moyens se fait cruellement sentir et provoque une course au financement préjudiciable à la qualité.

La philosophie, le projet et le laboratoire
Les SHS dans l’enseignement secondaire italien

Anita Gramigna : Professeur, département des sciences humaines, faculté de lettres et philosophie, Università degli Studi di Ferrara, Italie.
L’enseignement secondaire classique en Italie, celui de l’élite, est fondé sur la primauté de la philosophie et de la langue et de la culture latines. Le lycée accueille une minorité d’élèves, le plus grand nombre se trouvant dans des filières technologiques, économiques et scientifiques. Les deux systèmes communiquent fort peu. Depuis un peu plus de dix ans, des réformes ont été lancées et l’enseignement a été régionalisé, ce qui a poussé les établissements à multiplier les expériences en matière de cursus et de méthodes. Dans ce cadre, alors que l’enseignement de la philosophie reste marqué par l’académisme et l’historicisme, d’autres sciences humaines, comme la psychologie, la sociologie apparaissent plus susceptibles de conduire les élèves à la réussite des apprentissages. L’ensemble de ces évolutions a largement perturbé le système et brouillé l’image des filières de l’enseignement secondaire comme de l’université.

Quel avenir pour les études en sciences humaines en France ?
Table ronde

France Bessis-Favard : Proviseure, lycée Molière.
Alain Boissinot : Recteur de l’académie de Versailles.
Olivier Faron : Directeur, École normale supérieure Lettres et Sciences humaines, France.
Daniel Filâtre : Président, Université de Toulouse II-Le Mirail.
Tristan Lecoq : Directeur du CIEP.
Michel Lussault : Professeur, Université de Lyon, École normale supérieure lettres et sciences humaines (laboratoire environnement, ville, société, UMR 5600).
Pierre Tapie : Directeur général, Groupe ESSEC.
Ce texte résulte de la transcription d’une table ronde qui s’est organisée en deux temps. Tout d’abord, les participants ont présenté leurs analyses de l’état actuel des enseignements de sciences humaines et sociales, que ce soit au lycée, dans les classes préparatoires, les filières de grandes écoles, et les universités. Les intervenants ont en général insisté sur les difficultés de positionnement des filières de sciences humaines et les difficultés afférentes de proposer aux étudiants des débouchés nombreux et attractifs. À partir de ce constat, un second temps de la discussion a permis d’évoquer différentes perspectives de sortie de crise. Tous les participants insistent sur la nécessité de réviser les cursus et les pratiques pédagogiques.

La place des SHS dans le système supérieur algérien
Yassine Ferfera : Directeur du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), Algérie.
Tchirine Mekideche : Faculté des sciences humaines et sociales, Université d’Alger, et chargée de recherches, Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), Algérie.
La création de l’université algérienne est récente. Depuis l’indépendance, le système de formation secondaire et supérieur a connu de nombreuses réformes, sans que les problèmes ne soient vraiment résolus. L’augmentation rapide et continue des effectifs en SHS met désormais l’université algérienne sous tension. Aujourd’hui, il s’agit une fois de plus de trouver une meilleure organisation des cursus pour gérer l’afflux des étudiants. Le choix a été fait de développer le schéma licence, master, doctorat, afin de proposer des formations plus flexibles et modulaires et plus adaptées au standard européen. L’accent est aussi mis sur la nécessité de donner un meilleur profil professionnel aux formations afin d’améliorer une insertion professionnelle des diplômés de SHS, qui reste très médiocre.

De l’intellectuel à l’expert
Les sciences sociales africaines dans la tourmente : le cas du Kenya

Hélène Charton : Université de Bordeaux, Institut d’Études Politiques (laboratoire Centre d’études d’Afrique noire, UMR 5115), France.
Samuel Owuor : Maître de conférences, département de géographie et d’études de l’environnement, University of Nairobi, Kenya.
À l’instar de nombreux pays d’Afrique, le paysage universitaire du Kenya a connu de profondes mutations au cours des vingt dernières années. La libéralisation de l’offre d’enseignement supérieur a généré des formes inédites de compétition entre les formations et les établissements privés et publics qui proposent désormais des filières répondant au mieux aux besoins du marché. L’article revient sur l’émergence des nouveaux paradigmes initiés par ces mutations structurelles. La dimension marchande de l’éducation supérieure, dans laquelle les savoirs deviennent de simples biens commerciaux, détermine la nature même de ces savoirs scientifiques mais également leurs conditions de production et de transmission. Dans ce nouveau contexte, quelle est la place des lettres et des sciences humaines et sociales et comment parviennent-elles à s’adapter à ce nouveau paradigme ?

Une expérience originale au Brésil
Un projet expérimental interdisciplinaire d’études supérieures d’humanités

Renato Janine Ribeiro : Professeur d’éthique et de philosophie politique, Universidade de São Paulo, et directeur de l’évaluation, Fundação Capes, Brasília, Brésil.
À la fin des années 1990, l’auteur a élaboré un programme universitaire interdisciplinaire d’humanités. Il s’agissait de proposer une formation résolument nouvelle fondée sur une pédagogie de et par l’expérimentation. Le cursus rompait avec les filières strictement disciplinaires et visait à donner aux étudiants une vaste culture susceptible de leur permettre d’appréhender la complexité des organisations et des situations. L’article détaille les six semestres de cette formation et les attendus et objectifs de celle-ci. En particulier, l’auteur insiste sur la nécessité de préparer les étudiants aux multiples changements qu’ils ne manqueront pas de connaître dans leur vie active et sociale.

Références bibliographiques [pdf - 306 Ko]
Bernadette Plumelle : Responsable du Centre de ressources documentaires du CIEP

Abstracts

Resúmenes

Repères

Le système éducatif dans le sultanat d’Oman
Sharifa Al Harthy, Olivier Renard

Éléments sur le système éducatif iranien
Clotilde Reiss

http://www.ciep.fr/ries/ries49b.php