Revues scientifiques

Recherches qualitatives, 29(1) 2010

 ENTRETIENS DE GROUPE : CONCEPTS, USAGES ET ANCRAGES »
Volume 29, numéro 1, printemps 2010
Sous la direction de :
François Guillemette, Jason Luckerhoff et Colette Baribeau, UQTR

Depuis les premiers écrits sur les entretiens de groupe (Merton et al., 1956), l’usage de cette méthode a été étendu à plusieurs disciplines et les appellations se sont multipliées. Une clarification conceptuelle s’impose. « Focus group », « groupe de discussion », « entretien de groupe », « groupe en interaction » et « groupe focalisé » sont-ils des termes qui réfèrent à des méthodes à ce point différentes? Les pratiques se sont-elles multipliées aussi rapidement que les termes pour les désigner? Les problèmes liés à la multiplicité des appellations ne font nul doute.

Depuis les années 1920, les chercheurs des milieux des affaires et du marketing ont utilisé cette méthode à titre d’entrevue de groupe. Elle est devenue particulièrement populaire en analyse des marchés afin de collecter de l’information au sujet des consommateurs par rapport à des produits. Même si les premiers écrits sur les entretiens de groupe sont issus des sciences sociales, c’est dans la pratique du marketing que s’est le plus développée cette technique. Aujourd’hui, l’entretien de groupe est utilisé en communication, en science politique, en marketing, en santé, en éducation et dans bien d’autres disciplines. Selon Geoffrion (2003), « le perfectionnement des techniques d’animation de groupe et les nombreux avantages qu’offre le groupe de discussion en ont fait l’une des méthodes de recherche les plus populaires en sciences sociales et en marketing » (p. 333). Son usage dans plusieurs disciplines en fait une méthode qui peut autant être utilisée pour des pratiques de commercialisation, pour faciliter la compréhension du comportement et des attitudes d’un groupe cible, pour étudier le groupe sujet, pour créer un espace de débat et de délibération, ou même pour explorer des phénomènes humains vécus par plusieurs personnes. Dans le cadre de ce numéro, nous souhaitons recevoir des textes qui portent sur les entretiens de groupe tels qu’utilisés en contexte « scientifique » ou dans une démarche de recherche scientifique.

Un usage dans plusieurs disciplines d’une méthode aux multiples appellations donne évidemment lieu à des ancrages épistémologiques très variés. Certains travaux considèrent le groupe comme moyen d’accès à la connaissance et certains chercheurs tentent même de généraliser des résultats. D’autres prennent le groupe comme objet d’étude ou comme sujet. D’un ancrage post-positiviste visant à généraliser et corroborer des résultats à un ancrage participatif visant à créer un espace de délibération, les visées sont si différentes que d’aucuns considèrent qu’une même appellation ne peut recouvrir deux usages si peu semblables.

Nous sollicitons des textes sur les usages de l’entretien de groupe, sur les différentes formes qu’il peut prendre dans les projets de recherche et sur les défis reliés à la diversité des appellations. Les textes pourraient notamment aborder les enjeux théoriques et épistémologiques de l’usage de l’entretien de groupe, les enjeux liés à l’animation des entretiens de groupe, les enjeux liés à la collecte et à l’analyse des données (par exemple, s’il y a transcription) et la prise en compte du non verbal ou des données contextuelles.

http://www.recherche-qualitative.qc.ca/prochains_numeros.html